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mercredi 4 septembre 2013

AUGUSTIN KIKUKAMA SUR RFI : EN RDC, NOUS NE POUVONS PAS APPUYER UNE SOLUTION QUI VA AMENER D'AUTRES PROBLEMES

RFI : Pourquoi avez-vous décidé de ne pas participer aux concertations nationales ?
Augustin Kikukama : Nous avions dit que nous étions d’accord pour y participer, à condition que ce ne soit pas du prêt-à-porter. Nous constatons que tout est opaque. L'ordonnance qui convoque chaque concertation pose problème : on ne peut pas convoquer les gens pour venir trouver une solution et leur imposer une conduite à suivre. A savoir un bureau et une méthodologie du travail. Nous pensons que le bureau et cette méthodologie devraient être le fruit de la réflexion de ceux qui viennent participer à ces débats.
 
Est-ce que le boycott est la bonne solution ?
Non, nous n'avons pas parlé de boycott ! Nous, nous avons dit seulement que nous n’avons pas été écoutés, dans la mesure où la façon dont on convoque et dont on définit les objectifs et les modes de fonctionnement (aux concertations NDLR), ne pourra pas permettre à ceux qui y participent de trouver réellement des solutions adéquates aux problèmes qui sont posés au pays.

Vous, le M17,  aviez soutenu Joseph Kabila lors de l’élection de 2006, et ça n'a pas été le cas en 2011. Pourquoi avez-vous pris vos distances avec le chef de l’Etat  ?
Disons que la révolution du 17 mai avait des objectifs bien précis. Le premier c’était de chasser la dictature et instaurer une démocratie. Et dans la démocratie, dès lors qu’il y a impunité, qu’il y a des intouchables, que l’Etat ne fonctionne plus ; dès lors que les solutions qui ont été proposées - en disant par exemple qu’il faut « s’entendre avec les milices » et les incorporer dans les institutions - ne portent pas leurs fruits, autant de points que nous avions soulevés, et qui au final n'ont pas été entendus, ce sont autant de choses que nous ne voulons pas assumer.
 
Dans les milieux de l’opposition on demande la récusation de l’abbé Malu-Malu, président de la Commission électorale et jugé trop proche de Joseph Kabila. Y êtes-vous favorable, vous aussi ?
Le problème ne vient pas de l’abbé Malu-Malu, c’est un problème de système. À partir du moment où la Commission électorale n’est pas réellement indépendante, même si vous y amenez une autre personne, vous aurez peut-être les mêmes résultats voire des résultats plus catastrophiques encore.
 
Craignez-vous aussi que le président Joseph Kabila modifie la Constitution pour se présenter pour un troisième mandat ?
Nous ne pensons pas que le président va modifier la Constitution. Mais si c'est là sa volonté, nous nous demandons si celle-ci est une solution idoine pour résoudre tous les problèmes qui se posent au pays. Dans le cas contraire, nous ne pouvons pas appuyer une solution qui va amener d’autres problèmes, alors que le pays en a déjà beaucoup.
 
Comment expliquez-vous qu’on en soit arrivé à une telle défiance entre opposition et majorité ?
Moi, je ne peux pas parler au nom de l’opposition et de la majorité, parce que nous n’avons jamais signé la charte de la majorité. Et nous ne voyons pas par ailleurs un comportement responsable de la part de nos frères de l’opposition, dans la mesure où ils peuvent prendre une position aujourd'hui et en changer le lendemain.
 
Parce que nous voulons la cohésion nationale, parce que nous voulons étendre l’autorité de l’Etat, on ne peut pas sanctifier les uns et diaboliser les autres. C’est pourquoi au M17, nous disons que la sanctification et la diabolisation n’ont pas de place. Et nous voulons que le pays gagne.
Nous ne voulons juger de qui a raison ou qui a tort.
 
Mais nous voulons trouver une solution qui pourrait se résumer à ceci :
* comment se mettre ensemble pour faire face au problème qui est posé à l’Est du pays, pour que ça ne puisse plus se répéter ?
* Et comment faire pour qu'en 2016 ou dans les mois qui viennent, il n’y ait plus d’élections contestées ?
* Comment faire en sorte que ces élections-là soient réellement transparentes, démocratiques ?
 
Mettre fin aux revendications légitimes, mais aussi mettre fin aux élections chaotiques. C’est ça notre préoccupation.
Comment faire alors ? Quelles sont les solutions que vous proposez ?
Le chef de l’Etat convoque ce dialogue. Et il doit se limiter à cela. Nous ne voulons pas des résolutions qui ont été boutiquées quelque part et que les participants doivent venir avaliser. Comme si il s'agissait d'un congrès de l’ancien parti-Etat, quelque chose qu'ils tentent de passer en force.

Que pensez-vous de la situation dans l’est du Congo aujourd’hui ? 
Les pourparlers de Kampala sont au point mort : on a l’impression que les belligérants n’envisagent qu’une option, c’est l’option militaire.
Nous avons toujours dit qu'il n'y a jamais eu une paix véritable sans vainqueur ni vaincu. Nous avons eu à observer beaucoup de choses quant à la solution de Kampala. Il y a eu Sun City, il y a eu Goma... Et vous voyez les solutions politiques existent. Les accords de Sun City avaient été bien appliqués par Kabila cette fois-là.
Mais aujourd’hui ce sont les hommes qui ont été contrôlés par le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), qui posent toujours problème. Il y a eu un ancien officier de l’armée rwandaise, qui est passé sur votre antenne, et qui disait que le RCD, le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) et le M23 sont des branches armées rwandaises au Congo.
Et ça, ça ne vient pas de nous. Ca n’a jamais été démenti, ni par le RCD, ni par le CNDP, encore moins par le M23.

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